Parachat Vayigach
La Thora nous relate, au début de la Paracha, le déroulement de l’ultime confrontation entre Yossef et Yéhouda. A priori, Yéhouda essaye de sensibiliser son frère, pour qu’il accepte de libérer Binyamine, et lorsque Yossef sent que la situation est au bord de l’explosion, il se dévoile à ses frères.
Mais le Beth Halévi ne voit pas ce récit du même angle, car celui-ci présente quelques incompréhensions. Il s’explique.
Lorsque Yéhouda s’approche de Yossef en vue d’éclaircir si la sanction de Yossef (de prendre Binyamine pour serviteur) était juste, pourquoi s’étale-t-il sur le fait que Yaakov avait eu beaucoup de mal à se séparer de son fils Binyamine, cet élément ne peut en aucun cas influencer la décision juridique prise par Yossef. On n’a d’ailleurs jamais entendu ce genre d’argument dans le milieu de la justice.
De plus, lorsque Yossef se dévoile à ses frères, il leur demande si son père (qui est en fait leur père) est vivant, ne le savait-il pas ? Surtout que toute l’argumentation était basée sur l’idée que Yaakov leur père allait souffrir de se voir séparé de son fils, il était donc bien vivant !
Le plus étonnant est que lorsque les frères arrivent en Egypte, (à la fin de la Paracha précédente), Yossef leur demande si leur père est bien en vie et si sa santé est bonne, il connaissait donc la réponse par lui-même, or ses frères n’avaient pas quitté l’Egypte depuis cet instant, ils n’étaient de toute façon pas en mesure de lui fournir d’avantage d’information à ce sujet.
Dernier point, pourquoi Yossef s’est-il dévoilé à ses frères en deux temps, il commence par leur dire « je suis Yossef », et deux versets plus loin il leur dit : « je suis Yossef votre frère… » ? Pourquoi cette répétition ?
Il y avait en réalité une confrontation implicite. Yéhouda tente de démontrer que même en présence d’un verdict justifié et mesuré, qui répond strictement aux normes de la justice, emprisonner Binyamine dans notre cas, on se doit d’y mêler des paramètres extérieurs qui peuvent même faire basculer ce verdict vers d’autres conclusions, si ces paramètres sont en mesure de démontrer que le verdict s’avère injuste. Dans notre cas, il démontre que Yaakov, homme innocent et d’un certain âge, n’est en rien coupable des actes de son fils, il n’a donc pas à souffrir du verdict porté contre son fils. Si le verdict imposé au fils risque de causer la mort à son père, celui-ci doit être rectifié. Car la vraie justice doit prendre en compte tous les paramètres existants avant de prendre une décision.
Yossef lui répond : « Je suis Yossef ! », as-tu fait ce même raisonnement lorsque vous m’avez vendu ? As-tu pris en compte que mon père risquait de mourir à la suite de cette séparation définitive ? Même si vous m’aviez jugé passible de mort, pour les raisons qui vous appartiennent, pourquoi n’avez-vous pas changé votre verdict, en y mêlant les autres paramètres comme ce que vous prétendez?
Voilà la raison pour laquelle Yossef leur demande « mon père est-il encore vivant ? », tout de suite après son dévoilement, car il ne leur demandait pas un simple renseignement, mais il voulait leur démontrer que si son père avait résisté à la déchirure de son enlèvement, il pourrait tout aussi bien résister à l’emprisonnement de Binyamine. Il a donc retourné l’argumentation des frères contre eux-mêmes.
En conclusion, la première révélation était en réalité un reproche, par rapport au fait qu’ils l’avaient vendu. La deuxième révélation était l’expression de leur retrouvaille.
Halaha : Celui qui récite le Kidouch doit penser à acquitter tous les membres de la famille de la Mitsva du Kidouch, et eux aussi doivent penser à se rendre quittes.
Par conséquent, il est important que les membres de la famille ne se dispersent pas pendant la lecture du Kidouch, et qu’ils se tiennent concentrés jusqu’à la fin de la bénédiction.
Chabbat Chalom