Bien qu’il soit techniquement possible de calculer à la seconde près l’instant de survenance d’événements astrophysiques tels que par exemple l’apparition au-dessus de l’horizon de la limite supérieure du disque solaire (le Zman appelé hénéts), cela n’aurait pas tellement de sens du point de vue de la Halakha (loi religieuse).
Dans le Talmud (Berakhot), les Sages débattent des Zmanim en des termes tels que la durée de marche moyenne entre deux villes précises de l’époque ; ou encore, l’heure du petit matin à laquelle il devient possible de distinguer le fil bleu des Tsitsiot ; ou bien encore, l’heure à laquelle les chiens aboient la nuit, etc.
Ces débats de Haza“l sont bien sûr le point de départ à une multitude de réflexions profondes, tant sur le sens des choses, que sur l’estimation du temps en elle-même. Par exemple, dans la Guemara lorsque les Sages parlent de l’heure à laquelle on peut distinguer le fil bleu du fil blanc à l’aube, c’est le moment où l’on peut se reconnaître son prochain, prendre de nouveau conscience pour ce nouveau jour, que l’on forme un peuple de frères, et seulement alors la prière vers Hakadosh Baroukh Hou prend-elle son sens.
Plus tard, les Poskei Halakha ont instauré des méthodes diverses pour estimer les Zmanim en fonction de la position du soleil, ce qui a permis de mettre en place des formules mathématiques. Mais, dans tous les cas, la démarche qui consiste à estimer les Zmanim ne fonctionne que par approximation : que ce soit par l’observation du disque solaire à l’horizon, ou par l’évaluation de la vitesse moyenne de marche, ou même par l’utilisation de formules astrophysiques très simplifiées.
Concernant les formules, selon le type de simplification mise en œuvre, on pourra obtenir des écarts de plusieurs dixièmes de secondes, voire de plusieurs secondes : à combien de décimales prend-on en compte la réfraction atmosphérique qui dévie légèrement les rayons lumineux ? Tient-on compte du fait qu’à proximité des villes la quantité de lumière perçue est différente ? Et pour la Terre, qui n’est pas exactement une boule, quelle erreur s’introduit dans les calculs lorsque nous utilisons un diamètre moyen ? et une distance moyenne Terre-Soleil, qui est tout sauf constante au fil des révolutions ? Enfin, comment prendre en compte le relief local autour du prieur à l’endroit précis où il se trouve, puisqu’une petite coline ou même une dune formée dans la nuit retardera pour lui de quelques instants l’apparition du premier rayon du soleil.
Par conséquent, malgré l’importance bien sûr d’exprimer des règles de Halacha précises et strictes (comme les “18 minutes après le coucher de soleil”, ou “le disque solaire à -8.333 degrés sous l’horizon”), les mathématiques ici s’appuient sur de nombreuses simplifications et approximations, y compris en ce qui concerne la position exacte de l’observateur (comment est son horizon ? valloné ou plat, etc.). Cela n’aurait que peu de réalisme de préciser des Zmanim à la seconde près.
En outre, rares sont les personnes qui ont exactement la « bonne » heure à la seconde près, et ça n’a pas vraiment de sens de river ses yeux sur la trotteuse pour démarrer la Tefila comme un départ de fusée. Si une personne tient à prier au hénets, en extérieur sur un plateau duquel on voit le soleil se lever à l’horizon, pour démarrer la Tefila en même temps que les premiers rayons du soleil, ce fidèle se fiera à ce qu’il voit, plutôt qu’à sa trotteuse. Pour toute autre circonstance, surtout si on est à un endroit d’où on ne voit pas le soleil se lever, ça n’aurait pas de sens.
D’ailleurs, pourquoi la seconde ? Les Hakhamim (Rosh Hashana) expliquent que le temps est compté en Réga’im, qui correspondent environ à 43 millisecondes…